La fin d’une année et le début d’une autre sont toujours accompagnés de bilans et de prospectives. C’est l’occasion de passer en revue trois-cents-soixante-cinq jours sous différents angles: politiques, économiques, culturelles, artistiques, religieux, etc. L’occasion de faire le tour du monde en quelques pages de journal ou en quelques minutes de télévision.
Les bilans se succèdent d’année en année avec leurs particularités. Mais, globalement, ils se ressemblent. La guerre et les conflits font partie du menu. Ils sont même le plat principal. Les points chauds peuvent changer de région, mais ils sont toujours là. Les humains en font une consommation qui dépasse parfois l’entendement. Pourquoi n’arrivons-nous pas à vivre ensemble d’une façon harmonieuse? Pourquoi tant de nos relations se vivent-elles dans la friction? Pourquoi les frontières entre les peuples se durcissent-elles aussi facilement?
Nous avons pourtant un grand idéal. Nous cherchons le bonheur et nous savons bien que nous n’y parviendrons pas sans un minimum d’entente entre nous. Nous savons que nous avons besoin des autres pour vivre, pour nous rendre heureux mutuellement. Nous avons besoin d’un minimum de biens pour vivre. Et, sans les autres, il serait difficile d’obtenir ce minimum. La répartition des biens de la terre, leurs transformations supposent la concertation de beaucoup de personnes, chacune apportant sa contribution dans ces transformations et dans le partage des richesses. De plus en plus, nous avons besoin de coopération entre les pays, entre les peuples. Les distances sur la planète rapetissent de plus en plus. Nous circulons plus facilement d’un pays à l’autre, d’une culture à l’autre. Nous avons donc besoin de meilleures concertations entre nous pour vivre convenablement sur cette terre.
Il est long et difficile l’apprentissage de la vie en commun. C’est déjà un défi entre un homme et une femme qui se choisissent et décident de partager leur vie. À plus forte raison quand les citoyens et les citoyennes d’une même ville veulent bâtir ensemble un projet de société. À plus forte raison quand des villes doivent s’unir. À plus forte raison encore quand les pays sont appelés à des concertations.
Pendant que nous faisons le bilan de nos conflits, la liturgie chrétienne nous conduit jusqu’à l’Enfant de Bethléem où se retrouvent aussi des personnages venus d’Orient. La tradition nous les présente sous les traits de trois grandes races: un blanc, un noir et un jaune. Pour nous dire que tous les peuples sont invités à se retrouver à la crèche. Ils y entendront des anges chanter la paix sur la terre. Ils pourront reconnaître dans le nouveau-né le sens de leur existence et le point d’ancrage de leur vivre ensemble.
Les grandes puissances sont convoquées. Les guerriers sont appelés au rassemblement. Tous ces géants sont invités à se laisser désarmer par un nouveau-né fragile, faible. C’est le paradoxe du mystère de Noël, la surprenante stratégie de Dieu. Dans la naissance de Jésus, Dieu nous propose d’écrire l’histoire autrement, en établissant nos rapports humains à un autre niveau qu’à celui de la force et de la domination. Grand défi qu’en deux mille ans d’Évangile nous n’avons pas encore réussi complètement à relever. Mais, ça viendra, Dieu le veut!