Il existe une multitude d’espérances, des grandes et des petites espérances. Et la grandeur ou la force de l’espérance se mesure souvent au contexte dans lequel nous espérons. Dans une nuit sombre, opaque, la petite flamme d’une allumette nous paraît comme un grand feu. Quand la société nous renvoie ses échecs, quand elle étale ses ratés, quand l’Église se débat et que ses structures craquent de partout, l’espérance n’a pas besoin d’être triomphante pour être une grande espérance.
Quand, dans ma vie, je traverse une période difficile, quand je ne vois pas d’issue aux épreuves que je traverse, la plus petite espérance peut être un acte de courage, une grande confiance en Dieu
Il existe des espérances qui, en fait, n’en sont pas. Les espérances tonitruantes quand nous fermons les yeux et que nous ne reconnaissons pas une réalité dure, pénible, à première vue insurmontable. Quand nous cédons à l’optimisme naïf.
Il y a des espérances hésitantes, fragiles, des espérances qui se battent pour vivre et survivre. Des espérances qui demandent constamment: “Seigneur, augmente ma foi!” Ce sont parfois des espérances qui durent le plus longtemps. Comme ces personnes à la santé fragile, ces personnes qui ont été malades toute leur vie et qui meurent à un âge très avancé. Ils ont peut-être ménagé la monture, mais surtout ils se sont battus pour vivre.
L’espérance est souvent un grand combat avec nous-mêmes. La foi en Dieu ne va pas de soi. La confiance en Dieu n’est jamais acquise une fois pour toutes. L’espérance demande une vigilance constante. L’espérance, c’est la vie en état d’Avent, en état d’attente perpétuelle.
Creuser le désir, attiser le feu, garde la soif. La prière peut être le chemin où se nourrit l’espérance, un chemin souvent étroit, un sentier parfois ardu. Après tout, Jésus ne nous a-t-il pas averti que le chemin vers le Royaume serait plus proche du sentier de montagne que du boulevard de la grande ville?
Les plus belles espérances sont pleines d’impatience. Elles guettent, elles trépignent, elles essaient de devancer l’aboutissement. Elles tirent sur la tige pour que la fleur pousse plus vite.
Ce n’est pas une bonne chose en horticulture. Mais c’est excellent au jardin des espérances.
Travailler à changer les choses, mettre la main à la pâte pour pétrir la réalisation de nos rêves, de nos aspirations. Appeler la justice en la faisant concrètement au fil des jours. Vouloir la paix, même la paix la plus difficile, en tendant la main tout proche. Chercher l’amour, l’attendre de la part des autres, en l’offrant nous-mêmes. Désirer une société honnête, respectueuse de la dignité des personnes, par une vie personnelle sans compromis. Rêver à une Église en tout point fidèle à l’Évangile en optant nous-mêmes radicalement pour l’Évangile.
Tous ces engagements qui font en sorte que l’espérance devance le temps, et d’une certaine manière compromet Dieu. Comme si l’espérance disait à Dieu: il est temps d’agir… regarde-nous… Des engagements de l’espérance qui feraient dire au prophète Isaïe: Vous êtes en train de tracer un chemin dans le désert, une route pour Dieu. Vous comblez les vallées, vous aplanissez les montagnes, vous transformez les lieux accidentés en plaine et en large vallée.